Le 27/08/2019

La ferme coopérative Groentelaar à Pepingen 

https://sites.google.com/site/degroentelaar/ 

Aujourd’hui, nous franchissons un cap. Ou plutôt, nous fermons un chapitre pour en ouvrir un nouveau. En effet, Belvas était notre dernière étape en Wallonie, la Flandre sera notre nouvelle toile de fond. Nous sommes curieux de découvrir ce que ce côté-ci de la Belgique nous réserve. A priori, il ne devrait pas y avoir de grandes différences, puisque nous formons un seul et même pays. Pourtant, nous allons vite découvrir que tout le monde n’est pas du même avis.

Nous quittons donc la chocolaterie après un dernier salut à toute l’équipe. Une bonne partie du trajet s’effectue au bord de la route, sur une piste cyclable pouvant accueillir deux vélos côte à côte. Nous faisons une courte halte chez une épicerie en vrac. Le magasin a ouvert depuis peu, “au moment où les habitants des alentours en avaient le plus besoin”, nous confie la gérante. A l’intérieur, nous y trouvons des produits familiers, tels que les pâtes Agribio ou les yaourts de la Ferme de Beauregard, tenue par les beaux-parents de Luc Hayois des Oeufs du Paradis. 

Nous nous enfonçons en campagne flamande. Sur le chemin, nous croisons de nombreux cyclistes visiblement plus chevronnés que nous. Nul doute qu’ici, la pratique du vélo s’inscrit pleinement dans le paysage. Nous arrivons alors chez Tjis, notre premier hôte flamand. Ou plutôt mi-chilien, mi-flamand. Chez lui, des affiches de la “Via Campesina”, un mouvement international défendant les droits des paysans depuis 1993, trônent au-dessus de bocaux en vrac. Militant dans l’âme, Tjis a fait de l’agriculture le combat de toute une vie.

Nous le retrouvons plus tard sur ses terres, qu’il partage avec d’autres agriculteurs. Une poignée d’entre eux est en train de planter des pieds de fraises sous un soleil de plomb. Arborant un chapeau de paille lui donnant des airs de cow-boy, Tjis jongle entre le français et le flamand pour répondre à nos questions face caméra.

C’est pour contrer l’absence d’espace biologique dans le coin qu’il a créé cette coopérative afin de pouvoir offrir une terre fertile aux jeunes désirant se lancer dans l’agriculture. Avec des amis paysans, il a également formé un syndicat visant à promouvoir une politique agricole flamande plus ambitieuse.

Il se montre d’ailleurs très critique envers son propre gouvernement, qui, selon lui, “ne soutient pas les fermes comme la nôtre.” “Bénéficier d’une aide extérieure donne une plus grande vocation. L’agriculture devrait être pensée pour une société réelle, une société de mangeurs.” Pour lui, la Flandre devrait davantage s’inspirer de son voisin wallon : “La Wallonie investit pour son peuple en créant un mode de survie, alors qu’ici, nous préférons nous tourner vers l’international, un choix fragile qui nous menotte les mains.” Un point de convergence existe néanmoins entre les deux régions : Bruxelles, qui se hisse également comme une passerelle entre la ville et la campagne.

Tjis nourrie de grands espoirs pour l’avenir : “J’espère que notre société parviendra à survivre au changement climatique, qu’on sera assez solide pour créer un système d’alimentation qui nous épargne du chaos. Que les réfugiés d’aujourd’hui deviennent les voyageurs de demain. L’agriculture est un outil pour faire de ce monde une utopie mais pour cela, il faut investir dans une agriculture locale.”

Le 03/09/2019

La coopérative de pêche durable Pintafish à Nieuwpoort

http://pintafish.eu/menu%20%28fr%29/menu%20%28fr%29/index.html

Pour notre prochaine étape, nous prenons le large et levons le voile “en route pour une mer durable avec les pêcheurs, les consommateurs et les transformateurs”, comme annoncé par le site internet de Pintafish, notre hôte du jour. 

Afin de rejoindre Nieuwpoort, situé au bord de la Mer du Nord, nous roulons le long du littoral, éclaboussés par les embruns et enivrés par les effluves marines. Nous retrouvons alors Wim Versteden, le fondateur de cette “société en transition”. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il continue à sillonner les mers à bord de petits bateaux de pêche. 

Fermier dans une vie antérieure, il apprend que la Mer du Nord est vidée de ses fonds à cause de la pêche intensive. Il quitte alors la terre pour se tourner vers la mer, et se lance dans la pêche durable en créant Pintafish, une coopérative qui défend la préservation de la biodiversité marine, mise à mal par la pêche industrielle. “40 000 tonnes de poissons sont jetés chaque année”. Un immense gâchis dont une infime partie est transformée en nourriture pour animaux. 

 Derrière Pintafish se cache, au contraire, une philosophie humaine prônant la transparence envers les consommateurs et allouant un plus juste prix aux pêcheurs. Pour cela, la coopérative a banni l’étape intermédiaire de la criée, “une vente aux enchères inutile” pour faire de la vente directe. Sa particularité est de proposer des “paquets saisonniers”, chacun composé de trois espèces différentes provenant des bords des côtes, une façon de réduire les pertes engendrées par la surpêche, et de faire découvrir à ses clients des poissons bien plus savoureux face aux habituels cabillauds, soles et saumons vendus en grande surface et par conséquent surexploités.

Selon Wim Versteden, la petite taille de la Belgique constitue un véritable atout en faveur du développement des circuits-courts. Ce loup des mers, qui n’a pas froid aux yeux face aux géants de l’industrie, déclare haut et fort qu’“être pionnier, c’est nager à contre-courant”. Il ne nous reste donc plus qu’à nous mettre au dos crawlé… !

Le 05/09/2019

L’entreprise de produits végétariens “La vie est belle” à Oostkamp 

https://lavieestbelle.be/fr/

Après un passage à Ostende pour rencontrer Filip de Bodt, militant chez Climaxi, une coopérative qui se bat pour instaurer “un climat social”, nous roulons jusqu’à Oostkamp, près de Bruges. Là-bas, nous faisons la connaissance de Stefaan Deraeve. Avec son épouse Katrien, ils ont fondé en 1992 “La vie est belle”, une entreprise d’alimentation végétarienne. 

Pour comprendre d’où leur est venue l’idée, il faut remonter au début des années 80. “Je suis infirmier de formation et j’ai eu l’opportunité de partir en Afrique, Je n’ai pas pu manger de viande là-bas, et j’ai dû trouver mon bonheur dans mon assiette avec des alternatives”, confie Stefaan. 

C’est donc au Rwanda que tout commence pour ce jeune couple, qui se met à cultiver des légumes, des grains et des légumineuses dans un jardin potager,  et adopte le régime alimentaire végétarien par contrainte. De retour en Belgique, Katrien et Stefaan développent toute une série de recettes au fil des années, rejoints en cours de route par trois de leurs enfants, qu’ils commercialisent auprès des magasins et des restaurants. 

Les produits La vie est belle sont biologiques, exempts de conservateurs artificiels et préparés à base de légumes de saison et – si possible – locaux.” peut-on lire sur le site internet de cette entreprise devenue “une référence en matière de produits végé”. 

Stefaan et Katrien ont fait le choix de travailler en collaboration avec les supermarchés en imposant leurs propres conditions (comme un salaire juste) afin de pouvoir “proposer des solutions aux gens et de les partager”, contribuant ainsi à la démocratisation des produits végétariens. 

Parmi les produits proposés par l’entreprise, le Burger végé occupe une place centrale. Les légumineuses substituent dans ce cas la viande, à l’instar du “Kinowa Burger”, un burger fait à partir de quinoa belge, en plus d’une série d’autres “super-aliments” nutritifs et nourrissants.  “C’est ça l’incroyable capacité des légumineuses, c’est de la diversité avec tout ce dont on a besoin à l’intérieur” déclare fièrement Stefaan.