Le 09/09/2019

Les producteurs de viande bovine De Vierklaver 

https://www.devierklaver.be/ 

Une boucherie bio et juste : vous y croyez, vous ?

Pour le savoir, nous sommes partis à la rencontre d’Annelies Marchand et de Pieter van poucke, un couple de fermiers vivant à Lokeren, en Flandre Orientale. 

Chez la famille de Pieter, on est boucher depuis plusieurs générations. “Quand notre famille a commencé dans les années 70, on faisait déjà de la viande sans hormone”. Peter et Annelies, eux, se sont mis au bio en 2004. Ils tuent et découpent la viande chez eux, qu’ils vendent ensuite directement aux consommateurs. 

Leurs vaches, un croisement entre des blondes d’Aquitaine et des Bleu Blanc Belges, vivent en moyenne huit ans, une durée relativement longue pour des vaches à viande. “La viande est meilleure et les vaches peuvent profiter un peu de la vie. C’est important pour nous qu’elles aient une belle vie”.

Le reste des viandes vendues dans leur boucherie proviennent quant à elles de fermes voisines, à l’exception du poulet. “On privilégie le local et le bio, pour une agriculture juste”

C’est d’ailleurs au nom d’une agriculture juste qu’Annelies et Pieter sont impliqués depuis plusieurs années dans un combat politique. Alors qu’elle se rend un jour au marché de Gand, Annelies apprend que 450 hectares de surface agricole ont été octroyées par le CPAS (Centre Public d’Action Sociale) à un seul homme, un milliardaire dénommé Fernand Huts, pour un montant de 39 000 euros par hectare. Une somme que le couple juge dérisoire. “Il les a achetées pour trois fois rien alors que des fermiers cherchent des terres”. Le couple décide alors de porter plainte contre l’organisme, qu’il accuse de spéculation, avec l’espoir de rallier d’autres agriculteurs à leur cause. Ces derniers craignant pour leur ferme, ils seront finalement seuls à faire appel.

Il s’agit avant tout pour eux d’une “action symbolique pour l’avenir”, visant à montrer l’exemple et à signaler à la ville de Gand, qui n’hésite pas à se revendiquer pionnière en matière d’agriculture urbaine, que les fermiers ont eux aussi leur mot à dire, à travers un message fort :

“Les terres agricoles sont pour les agriculteurs”. 

Le 11/09/2019

La coopérative forestière Pomona à Verrebroek

http://www.pomonacoop.be/ 

Notre cyclo-périple en terre flamande nous conduit à chaque étape vers de nouvelles surprises : des projets innovants, inspirants et porteurs de solutions face aux enjeux contemporains, entrepris par des citoyens qui ont décidé de prendre leur avenir en main sans rien attendre de la part de nos chers politiciens… 

Pomona s’inscrit pleinement dans cette mouvance.  “Pomona, c’est un projet citoyen autour d’une ferme, celle de François Ongenaert. Le but est de subvenir à 80% de la nourriture des ses coopérateurs.” nous confie le président de cette asbl, Lieven Bauwens, chez qui nous séjournerons pendant deux jours. 

En 2016, les membres de la coopérative naissante cherchent une ferme. Ils tombent alors sur François Ongenaert. Agriculteur biologique depuis plus de 20 ans, l’homme a introduit l’agroforesterie sur ses 16 hectares de terre agricoles en 2012. Pour Lieven, il représente le partenaire idéal “Quand on a regardé son sol, il était incroyablement riche : il y avait des fleurs, des insectes… C’était vivant et c’est ce que je voulais dans mon assiette : du vivant.” 

Aujourd’hui, François Ongenaert cultive des céréales, des oléagineux et du quinoa, tandis que Stéphanie de Caluwé, une autre agricultrice, se charge des légumes (70 variétés à ce jour). Le pain, les fruits et les oeufs ont été rajoutés par la suite. Les coopérateurs et les agriculteurs travaillent main dans la main et décident ensemble des potentiels futurs aliments à mettre sur la liste, ainsi que des prix selon les récoltes de l’année.

Au-delà de sa dimension fédératrice, Pomona fonctionne autour d’une synergie entre la nature, les animaux et les hommes. “Nous créons tout un système écologique basé sur la participation des arbres et des animaux. Avec le temps, il y aura une barrière d’arbres tout autour de la ferme. Les poules, les porcs et les vaches participent à la qualité du sol.” Cherchant à établir un équilibre entre la diversité du sol et la qualité de l’alimentation, la coopérative a lancé une recherche auprès de l’ILVO (Institut Flamand de Recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation) avant d’opter pour la sylviculture et l’agroforesterie, deux formes d’agriculture forestière réparatrices permettant à la fois d’accroître le rendement des cultures et la biodiversité, tout en accordant un revenu stable aux agriculteurs. 

Face à la quantité d’énergie déployée pour produire, exporter et importer les produits alimentaires que nous consommons dans un système mondialisé, Lieven recommande de revenir à une échelle plus locale : “Créons moins d’énergie avec notre système écologique, plus d’aliments et plus de biodiversité.” 

Le 13/09/2019

La ferme urbaine et sociale Dak Van Pakt à Anvers

https://www.pakt-antwerpen.be/t-dak-van-pakt 

L’agriculture et l’accès à une alimentation saine et locale ne sont-ils réservés qu’à la campagne ? La Belgique, malgré sa petite taille, compte 11,4 millions d’habitants. Cette forte densité s’explique en grande partie par l’urbanisation précoce des zones rurales à laquelle le pays fut confronté dès la fin du XIXème siècle, conséquence de la révolution industrielle. 

Résultat des courses : la population belge est concentrée dans les villes, Anvers se hissant en première position avec près de 500 000 habitants, devant Gand et Charleroi. Et tandis que les blocs de béton ont peu à peu imposé leur loi au cours des dernières décennies, la tendance inverse est aujourd’hui en train de prendre le dessus. De plus en plus de villes se mettent au vert. Des jardins suspendus ornementent les immeubles, transformant ces lieux sans âme en faune et flore vivante. 

 “Apprendre aux gens à être plus près de la terre, même en plein centre-ville” : voici le défi que s’est lancé Dak van Pakt, un projet d’agriculture urbaine sur les toits d’Anvers lancé officiellement en 2017, une “sorte d’écosystème fermé” multicolor où fruits et légumes, bordures de bois, plates-bandes de fleurs, arbres fruitiers, poules, carpes et pollinisateurs se côtoient allègrement. 

Ce potager urbain de 1800 mètres est entretenu par 70 citadins, appuyés par des professionnels selon des méthodes empruntées à différents modèles d’agricultures dont l’agroforesterie ; et géré par la coopérative De Volle Grond, qui se charge également de développer un réseau de distribution des récoltes du jardin, complétées par des produits issus de producteurs de la région, auprès de quinze restaurants anversois. 

Alors que les grandes villes à l’architecture parfois monocorde tendent à cloisonner et à parquer les individus par catégorie sociale, Dak Van Pakt brise ces barrières en réunissant des personnes issues de tous les horizons autour d’activités manuelles et ludiques “C’est un jardin interactif qui rapproche des personnes de milieux et de classes sociales différentes, ce qui permet de créer du lien tout en s’amusant autour de la terre.” nous explique Adje Van Oekelen, co-fondatrice de De Volle Grond. Des projets en lien direct avec les écoles environnantes sont mis en place tout au long de l’année afin de permettre aux enfants provenant de familles défavorisées d’avoir accès aux jardins. 

Les membres de Dak Van Pakt veulent aujourd’hui partager leurs connaissances au-delà d’Anvers pour inciter d’autres villes à lancer des initiatives similaires. “Des projets de jardin sur les toits comme celui de Dak Van PAKT ne sont pas élitistes, ils sont au contraire accessibles à toutes et à tous. Nous voulons créer un projet solidaire qui relie les gens entre eux”