Le 08/08/2019

Agribio à Buzin

https://agribio.be/fr/home/ 

Nous enfourchons nos vélos et quittons la province de Liège. Nous l’avouons, nous lui avons consacré beaucoup de temps, mais force est de constater que la terre liégeoise est un terreau fertile à l’alimentation saine et locale !

Le trajet en direction de la province de Namur s’annonce long : environ 36 km jusqu’à notre prochaine destination, soit près de 2h.

Nous faisons une pause à l’entrée d’un village pour recharger les batteries (cette fois-ci les nôtres et non celles de nos vélos), l’occasion d’admirer les paysages environnants et pour deux d’entre nous d’aller chez l’habitant pour une requête pipi. L’heureux hasard, qui fait décidément bien les choses depuis le début de cette aventure, nous mène chez un apiculteur qui produit son miel à domicile. Ni une ni deux, il nous accorde une visite improvisée de son jardin où se trouvent ses ruches, ainsi qu’un potager et une mini-serre où il cultive des tomates.

Nous arrivons à Agribio en fin de journée à l’heure du souper, que nous partageons aux côtés de Christophe et de son épouse. Christophe est le bras droit de Bruno Greindl, l’homme à la tête de cette coopérative céréalière vieille de vingt ans et pionnière dans le domaine du bio. Bruno ne le cache pas, son ambition première au moment de créer cette entreprise, c’était l’argent. L’homme défend cependant une philosophie entrepreneuriale basée sur le plaisir et le dialogue entre les trente « collaborateurs » qui la composent.  

A Agribio, tout est fait de A à Z, du grain au pain et aux pâtes en passant par la farine. L’objectif étant de sortir du marché conventionnel et de proposer des produits qui respectent l’environnement et la santé. Dans un souci de transparence, les visites sont monnaie courante à Agribio, une façon de créer un lien fort avec le consommateur, qui peut alors découvrir l’anvers du décor et mettre un visage sur un produit qu’il consomme au quotidien.

Pour Adrien Lepailly, qui travaille à Agribio en tant que meunier artisan pâtes, manger local et sainement signifie reprendre main sur le plaisir gustatif, provoquant alors une émulsion vers le beau et vers le mieux.

Le 10/08/2019

Cycle-en-terre à Havelange

https://cycle-en-terre.be/

Agribio compte parmi ses voisins une autre coopérative d’un nouveau genre, dont le nom vous sera peut-être familier si vous êtes un habitué des épiceries et petits commerces bio. Cycle-en-terre est une coopérative semencière belge qui s’est donnée pour mission de « participer à notre autonomie alimentaire en cultivant des légumes pour en récolter leurs semences ».

Ce projet est parti d’une rencontre et d’une prise de conscience, lorsque Fanny Lebrun s’est rendue en Australie il y’a 14 ans pour faire du wwoofing. Là-bas, elle croise le chemin de Peter, qui vit en autarcie et croit fermement en l’effondrement prochain de notre civilisation. Les semences représentent à ses yeux l’un des seuls moyens de subsistance.

De retour en Belgique, Fanny décide d’abord de consolider ses connaissances avant de se lancer dans ce que ses proches considèrent comme un « projet fou ».  Elle se procure des terres sur lesquelles elle cultive ses propres graines qu’elle commercialise, un rythme difficilement soutenable. Elle s’allie par la suite avec Bruno Greindl (le fondateur d’Agribio) et Damien Van Miegroet, ingénieur chimiste, avec qui elle fonde « Cycle-en-terre », qui tire son nom de la plante cyclanthère.

Cycle-en-terre compte aujourd’hui 78 coopérateurs, 6 employés, et vend ses graines dans une centaine de magasins. Elle fournit majoritairement les jardiniers ainsi qu’une poignée de maraîchers professionnels depuis l’année passée.

« C’est en construisant des choses positives qu’on fait bouger les choses. Ce n’est jamais la guerre qui apporte des solutions mais les actions concrètes ».

Le 12/08/2019

La Ferme de Froidefontaine

http://www.froidefontaine.be/

Le trajet pour se rendre à la ferme de Froidefontaine est des plus plaisants. Nous empruntons le sentier des odeurs depuis Havelange, un chemin peu fréquenté en pleine nature. A l’instar des jours précédents, le soleil se fait discret, la pluie menace de tomber à tout moment. Heureusement pour nous, nous parvenons à rouler entre les gouttes. Nous longeons une forêt de pins durant quelques mètres, passons à côté d’une ferme, enchaînons les montées et les descentes.  La vue est imprenable tout le long et annonce dès lors la couleur de ce qui va suivre.

Après une dernière montée, nous franchissons le seuil du domaine de Froidefontaine, qui nous impressionne dès les premiers instants. Une atmosphère romantique règne sur cette ferme-château surplombant le village de Ciney. Cet ensemble historique qui s’étend sur 45 hectares de terre est classé, rien de bien étonnant. Nous passerons deux nuits dans cet endroit féérique, à l’intérieur d’une yourte récemment montée.

La Ferme de Froidefontaine est un « haut lieu d’alimentation d’artisanat et d’accueil » qui a vu le jour en 2017 à la suite d’un appel à projet. Ce dernier, qui s’inscrit dans une dimension sociétale, consiste à « ramener un maximum de diversité sur le territoire d’Havelange ». Cinq projets entrepreneuriaux ont vu le jour jusqu’à présent : un élevage de volailles avec la création d’un poulailler mobile, un potager maraîchage sur de grandes cultures, une cidrerie (dénommée « La cidrerie de Condoz »), un atelier de création de couleurs végétales appelé « Lutéa ». Dominique l’apiculteur était quant à lui déjà présent avant le lancement du projet. L’équipe, qui cherche à s’agrandir, poursuit les appels à projets.

« Ici, on voulait trouver un modèle où favoriser la diversité de manière à produire la même variété que celle qu’on peut trouver dans notre assiette ».

Le 14/08/2019

La boulangerie Monepi à Loyers

http://www.monepi.be/index.php?rubr=3

Alors que nous nous réveillons frais comme des gardons après une bonne nuit de sommeil, prêts à enfourcher nos vélos dans la minute qui suit pour nous rendre à notre prochaine étape, les événements prennent une toute autre tournure. Pour la première fois depuis le début de cette aventure, nous faisons face à une annulation de dernière minute. Notre bonne étoile serait-elle en train de se faire la malle ? Détrompez-vous, elle veille toujours au grain et nous réserve encore de belles surprises.

Jean-Pierre, un bénévole de la ferme, vient à notre rencontre, interpellé par le tee-shirt « Mangez Local » de Ludovic. Nous lui exposons notre mésaventure, à la suite de quoi il nous recommande aussitôt une adresse : la boulangerie « Monepi », à Loyers, près de Namur. Nous décidons de suivre son conseil et croyez-nous, nous ne serons pas déçus du voyage !

Il faut être familier avec le lieu pour le connaître. Aucun panneau d’indication, seule une plaque qui affiche « Monepi » à l’entrée de la maison où réside Dirk et son épouse et à l’intérieur de laquelle se trouve leur boulangerie. Avertis seulement une heure à l’avance de notre arrivée, ils nous accueillent sous les meilleurs auspices. Ils vont jusqu’à nous offrir le petit-déjeuner, l’occasion de découvrir leur palette de pains faits maison, pour le plus grand bonheur de nos estomacs vides.

Boulanger-pâtissier, chocolatier et glacier de formation, Dirk Longin a repris la boulangerie en 1992 avec la volonté de développer une alimentation plus saine. Ici, les pains sont confectionnés à partir de cinq types de farine, conçue à l’aide d’un moulin muni de meules en granit, tout droit venu de Bretagne. La phase de cuisson se déroule quant à elle dans le four à fagots bâti à la main. Le crédo de Dirk ? Utiliser le moins de lactose, glucose et gluten possible, néfastes selon lui pour la santé, pour se rapprocher au plus près de l’authenticité.

Le couple a entrepris de nombreux travaux au cours des années afin de parvenir à vivre en autonomie tant d’un point de vue alimentaire (à travers leur potager en permaculture et leur poulailler) qu’énergétique. Ils sont actuellement à la recherche de successeurs, qu’ils sont prêts à former, pour passer la main.